Julien Dray

 

 

Mercredi 16 mars 2011, un bureau exigu dans les locaux du conseil régional d’Île-de-France, à Paris. Julien Dray, 56 ans, corrige le verbatim de ses propos, recueillis deux semaines plus tôt. Il plaisante avec sa fidèle complice, Nathalie Fortis, provoque un peu les journalistes qui lui font face, dont il n’a guère apprécié – euphémisme – les révélations dans SON affaire : cette histoire de mouvements suspects sur ses comptes, soldée finalement par un inattendu et plutôt indulgent « rappel à la loi ». Il pense que le président de la République n’est pas pour rien dans ses ennuis. Il a raison.

 

Depuis ses tracas judiciaires, Julien Dray a dû s’inventer une nouvelle vie. Plus modeste. Le député socialiste, par ailleurs vice-président de la région Île-de-France, n’est plus le même. Il lui faut parfois raser les murs. Faire profil bas. Jouer les hommes de l’ombre – lui qui goûte tant la lumière. Il ne sera peut-être jamais ministre, sa cote a décliné au Parti socialiste, et son influence sur les mouvements de jeunes n’est plus ce qu’elle était. Il dit avoir mis de l’ordre dans sa vie. En tout cas, il n’est plus ce gêneur patenté qui terrorisait la gauche et défiait la droite. Apparemment, le PS s’accommode plutôt bien de la disparition médiatique de l’une de ses plus grandes gueules. Quant à Nicolas Sarkozy, le voilà débarrassé de l’un des rares, à gauche, qu’il craignait sur le terrain de la sécurité. Un hasard ? Surtout pas.

Julien Dray en veut à Nicolas Sarkozy. Il le pense responsable de ses déboires. Et si ce n’est lui, alors son entourage. Nicolas Sarkozy, ce faiseur de destins, qui avait, un temps, voulu attirer le cofondateur de SOS Racisme dans les filets de sa politique d’ouverture. Échec. Et vengeance, si l’on en croit les confidences du député socialiste de l’Essonne, qui se pose en victime politique d’une cabale montée, de bout en bout, par le pouvoir. « Me concernant, je pense qu’un ordre politique a été donné », confie-t-il.

Il ne se trompe pas.

L’« affaire Dray » a bel et bien été lancée, judiciairement puis médiatiquement, à la fin de l’année 2008, à l’initiative de l’entourage du président de la République. Des faits l’attestent. Irréfutablement. Il faut d’abord lever un fantasme, ou plutôt un tabou, s’agissant du fonctionnement de la presse, et particulièrement de son traitement des dossiers dits sensibles. À en croire la doxa, entretenue par certains écrivains-enquêteurs, les journalistes dits d’investigation se diviseraient en deux catégories bien distinctes. D’un côté, ceux qui, grâce à leur travail de fond, révéleraient des informations « chimiquement pures », c’est-à-dire émanant de sources parfaitement neutres, se trouvant donc ainsi à l’abri de toute tentative d’instrumentalisation. De l’autre, ceux qui, pauvres marionnettes aux mains de manipulateurs aussi puissants qu’obscurs, se contenteraient de répercuter sans réfléchir des informations tronquées qui leur seraient transmises clés en main par des sources forcément malintentionnées. Simplifier est toujours rassurant, mais, en l’occurrence, la réalité est beaucoup moins caricaturale. Par essence, les journalistes sont en permanence l’objet de tentatives de manipulation. L’essentiel est qu’ils en soient conscients et, surtout, gardent comme ligne de conduite cette règle d’or : toute information pertinente doit être publiée, d’où qu’elle émane. À condition d’être vérifiée, recoupée, crédibilisée.

Retour à l’affaire Dray. Dans son édition datée du samedi 20 décembre 2008, Le Monde révèle l’existence d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris, suite à une dénonciation de Tracfin, le service antiblanchiment de Bercy, sur des soupçons d’abus de confiance, et relate des perquisitions opérées dans la matinée du vendredi 19 décembre au domicile du député. Le quotidien du soir n’est pas le seul à avoir été mis sur la piste. Le Canard enchaîné, averti lui aussi de l’existence d’une enquête, s’apprête à publier, la semaine suivante, des informations aussi précises. L’hebdomadaire satirique a même joint Julien Dray dès le jeudi 18 décembre… La justice s’intéresse à des mouvements de fonds détectés sur les comptes du député de l’Essonne et de ses proches. Pour que l’affaire prospère sur le plan judiciaire, il a fallu que le ministre du Budget, un certain Éric Woerth, signale les présomptions d’irrégularités au parquet de Paris. Et donc que le pouvoir donne son accord au déclenchement de l’enquête. Première intervention politique. À quelques jours de Noël, le scandale éclate. L’affaire est médiatiquement lancée. D’où provient la fuite ? De la police, de la justice, de Tracfin ? Le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, conscient de la sensibilité de l’enquête qu’il a ordonnée quelques jours plus tôt (le 10 décembre, précisément), a pris soin d’en référer à sa hiérarchie : le procureur général de Paris, Laurent Le Mesle, qui lui-même a rendu compte à la Direction des affaires criminelles et des grâces (DACG) de la Chancellerie. In fine, Matignon et l’Élysée ont obtenu la copie du signalement du procureur.

Comment la presse a-t-elle eu vent de l’affaire ? Sans dévoiler, secret des sources oblige, l’identité de la personne à l’origine de la divulgation de cette information, nous pouvons révéler qu’une source « proche de l’Élysée », pour reprendre la formulation d’usage, a géré personnellement cette « fuite autorisée ». Un informateur ayant accès à certains secrets, dont on imagine mal qu’il ait pu agir sans avoir reçu l’aval de la présidence de la République. Sa motivation ? Décrédibiliser un député très gênant. En déstabilisant au passage la gauche et des associations telles que SOS Racisme ainsi que les mouvements de jeunes. Oui, la « chasse au Dray » a bien été ouverte à l’instigation du pouvoir. Le Monde et ses confrères auraient-ils dû pour autant fermer les yeux et ne pas publier ce que l’on appelle dans le jargon journalistique un « gros scoop » ? Bien sûr que non. L’existence d’une enquête visant une figure du Parti socialiste constituait objectivement une information importante, qui devait être portée à la connaissance du public.

Mise sur la piste du train de vie supposé dispendieux de l’élu francilien, la presse n’a pas demandé son reste. Dray, on sait désormais tout de lui, de ses parties de poker à son attrait pour les montres de luxe, de ses amitiés à ses détestations… Pendant un an, la France, celle des terroirs comme de la salle des Quatre-Colonnes, au Palais-Bourbon, s’est gaussée de lui, de son incapacité à gérer ses comptes, à honorer ses dettes, bref, à faire preuve du minimum de rigueur que l’on est en droit d’attendre d’un représentant du peuple. Ses relevés bancaires ont été expertisés, sa vie intime décortiquée…

Julien Dray pense donc que tout cela, il le doit à Nicolas Sarkozy. Y compris la décision de saisir la justice, même s’il lui manque la preuve absolue. « Quand mon affaire judiciaire s’est soldée par un rappel à la loi, j’ai appelé Sarko et obtenu un rendez-vous, pour qu’on s’explique. Il m’a juré en face qu’il n’y était pour rien. Il m’a dit : “On ne contrôle pas, c’est la justice qui fait son travail.” Il a ajouté que Jean-Claude Marin, le procureur de Paris, n’était pas un homme à qui l’on donnait des ordres. » A-t-il ce jour-là réellement cru Nicolas Sarkozy, cet animal politique qu’il connaît sur le bout des doigts ? Pas un instant ! « Nicolas Sarkozy, bien sûr qu’il a joué un rôle. Il faudrait être bien naïf pour ne pas le croire… », sourit le député. Au point de lancer la justice sur ses traces, puis de laisser fuiter des pans entiers du dossier judiciaire ? Il n’a pas l’air surpris. Il lance même, pas peu fier de lui, le nom d’un conseiller du président « très proche de [son] dossier », qu’il soupçonne de l’avoir « balancé » à la presse. Car le député de l’Essonne a mené sa contre-enquête, aidé par ses réseaux, syndicaux principalement. « Une partie de la hiérarchie policière, avec qui il [le conseiller de l’Élysée] est très lié, n’a jamais apprécié ma proximité avec les syndicats policiers. Dans la police, il y a des gens qui me détestent. Il y avait, pour certains à droite, la peur d’une deuxième vague d’ouverture et notamment à l’Intérieur. »

Le député socialiste, comme il le pense, a donc bien été ciblé par le pouvoir. À l’Élysée, on sait faire. Tous les présidents de la République ont eu, dans leur entourage, des snipers, prêts à abattre la cible désignée. De ce point de vue, Nicolas Sarkozy n’a que l’embarras du choix. Il dispose de tous les leviers : judiciaire, policier, politique. Voire médiatique. Quand une affaire impliquant une personnalité est signalée, elle remonte à l’Élysée – ce fut le cas du dossier Julien Dray. Se pose alors la question clé : l’exploiter ou pas ? Plus prosaïquement : est-il politiquement profitable de faire fuiter l’information ?

Il y eut plusieurs temps dans la saga judiciaire Dray. Et d’abord, ce rapport rédigé par Tracfin, organisme dépendant du ministère des Finances. Ce sont souvent les banques qui signalent le comportement suspect de leurs clients, elles en ont l’obligation. Concernant Julien Dray, c’est, a priori, une simple dispute entre l’une de ses principales collaboratrices, Nathalie Fortis, et sa banquière, qui est à l’origine de tout. « Normalement, ça va direct à la poubelle, estime l’élu. Mais là, ça a dû tomber entre des mains intéressées. » Un nouveau directeur vient d’arriver à Tracfin, à l’automne 2008. « Je ne peux pas imaginer qu’il n’ait pas fait remonter à Éric Woerth ce qu’on appelle un dossier signalé. Et Woerth a dû lui dire : “Allons-y.” C’est amusant ces soupçons, venant de Woerth, on peut parler d’arroseur arrosé… », persifle Dray, en faisant allusion aux déboires de l’ancien ministre du Travail, mis en cause à plusieurs titres dans l’affaire Bettencourt. Les enquêteurs de Tracfin se mettent au travail, à compter du 24 septembre 2008. Détaillent le train de vie du député socialiste. Et constatent, à la lecture de ses comptes, des éléments pour le moins troublants. Les mouvements de fonds suspects identifiés par Tracfin s’élèvent à 351 027 euros, somme dont aurait bénéficié en partie Julien Dray, à partir des comptes des Parrains de SOS Racisme et de l’organisation lycéenne FIDL. Ensuite, tout va très vite, comme s’il y avait urgence. Un signalement est fait à la justice, le 28 novembre 2008, et une enquête préliminaire est ouverte dès le 10 décembre par le parquet de Paris, pour « abus de confiance ». Et, dix jours plus tard, Le Monde publie le papier qui donne le coup d’envoi médiatique de l’affaire.

Si Julien Dray estime avoir été l’objet d’un règlement de comptes de bas étage, il ne s’en est finalement pas si mal tiré, en tout cas sur le strict plan judiciaire, même si son étoile politique a singulièrement pâli. Le 17 décembre 2009, le parquet de Paris lui a infligé un simple « rappel à la loi », au terme d’un an d’enquête sur ses comptes et ceux d’associations dont il est proche. Selon l’analyse du procureur Jean-Claude Marin, il ressort que quatorze flux financiers suspects pourraient être reprochés à M. Dray, pour un montant de 78 350 euros. Des sommes décaissées des comptes des associations proches de l’élu, et reversées au député de l’Essonne, par l’entremise de Nathalie Fortis et Thomas Persuy, deux de ses collaborateurs.

Mais les arguments avancés par les conseils des associations semblent avoir convaincu le parquet. « Les explications apportées sur les raisons de ces versements, explique M. Marin dans son rapport final, sont les mêmes : il s’agit de prestations effectuées par Mme Fortis et d’un prêt à Julien Dray, qui a confirmé en ajoutant que l’argent lui a permis de rembourser le découvert de son compte bancaire. » Par ailleurs, selon le parquet, « l’expertise comptable de ses comptes bancaires pour les années 2005 à 2008 », déposée par l’avocat de M. Dray, « a fait ressortir un excédent d’entrées sur les sorties de 38 193 euros ». Le procureur de Paris, dans son argumentaire, estime que tout cela laisse « présumer l’existence d’un système occulte destiné à permettre à Julien Dray de surmonter ses difficultés financières grâce à l’aide des associations », mais, en revanche, qu’« aucun élément objectif de l’enquête ne permet d’apporter la preuve, avec suffisamment de certitude, qu’il connaissait l’origine véritable des fonds ». Si le magistrat dénonce une « grande confusion et une absence de rigueur » au sein des associations, s’il ne semble pas dupe du « système » mis en place, il estime que « le délit de blanchiment du délit d’abus de confiance n’apparaît pas suffisamment établi à l’encontre de Julien Dray ».

Voilà douze mois cauchemardesques presque biffés d’un coup de plume, même s’il demeurera une trace indélébile. « Je serai blessé à vie, assure le député. Je n’ai pas réussi à me remettre dans le bain politique. Ça ne repart pas comme avant, tous les piranhas, ils sont sortis dans mon affaire. Mais quand on est comme moi, un roturier de la classe politique, on n’est pas protégé par la caste comme, par exemple, Kouchner a pu l’être… »

Il est sorti de nulle part, Julien Dray. Né à Oran, ex-trotskiste, élu de banlieue, son parcours a été sinueux, difficile. On ne lui a rien donné, il a tout arraché sur son passage. Il se doutait bien que ses ennuis judiciaires en arrangeraient beaucoup, jusque dans son propre camp. « J’étais le Forrest Gump de la politique ! Quand j’étais porte-parole du parti, que n’ai-je entendu dans les couloirs sur le fait que je n’étais pas à ma place, etc. »

Pour le responsable socialiste, il y avait un « triple intérêt » à le faire tomber. Il est d’abord une cible commode. Neuf ans plus tôt, en 1999, le député de l’Essonne, dont le nom avait été cité dans le scandale de la MNEF, avait déjà fait l’objet d’une enquête diligentée par le parquet de Paris. Il était alors question d’une montre qui avait coûté 350 000 francs, versés pour partie en liquide. L’affaire avait été classée sans suite, les explications du député ayant satisfait les enquêteurs.

Mais en cette fin d’année 2008, le contexte est particulier. Julien Dray, soutien de Ségolène Royal durant la campagne présidentielle de 2007, est en lice pour prendre les rênes du PS. « Il y a une petite fenêtre pour que je devienne premier secrétaire, se souvient Dray. On est dans la phase du congrès du PS, et la possibilité que Ségolène soit désignée est réelle, et donc, que son bras droit soit planté dans une affaire politico-financière, ce n’est pas anodin. » Pour le pouvoir, tout ce qui peut affaiblir le PS va dans le bon sens, évidemment. Mais il y a encore autre chose. À l’époque, les lycéens sont survoltés. Un mouvement de grève s’enclenche. Les 11 200 suppressions de postes dans l’Éducation nationale voulues par le gouvernement ne passent pas dans l’opinion. Des établissements sont bloqués. La France est au bord d’une fronde menée par ses enfants. « Or, pour tout le monde, il est acquis que je suis celui qui manipule les jeunes, explique Dray. À l’Élysée, ils sont terrorisés. C’est vrai que j’ai un savoir-faire, et sans doute de l’influence. Me discréditer, c’est s’assurer de saper le mouvement, en paralysant judiciairement la FIDL et SOS Racisme. Ils ont parfaitement réussi. On le constate aussi au printemps 2009, avec le conflit universitaire qui finit en victoire pour le gouvernement. Ils ont tué les mouvements de jeunesse. Sarko se fait un quinquennat tranquille… »

De fait, dès décembre 2008, les enquêteurs mettent le nez dans les comptes des syndicats lycéens, placent en garde à vue des responsables. De quoi mettre à mal un début de révolte… « Lorsque le vice-procureur Jean-Michel Aldebert perquisitionne chez moi, je découvre que les flics perquisitionnent la FIDL en même temps. Je dis : “Vous avez attendu qu’on soit vendredi ?” Et il me répond : “Oui, on a attendu la fin des manifs.” En fait, c’étaient les vacances de Noël qui commençaient. Ils ont été très malins, ils ont encalminé la FIDL. Le mouvement ne s’est pas durci comme il aurait dû, au retour des vacances… »

Mais le député de l’Essonne propose aussi une autre lecture, moins stratégique et plus personnelle, des sombres desseins qui auraient pu précipiter sa chute, sur ordre de l’Élysée. Fin 2008, Nicolas Sarkozy joue encore la carte de l’ouverture. Il tente de débaucher Malek Boutih, secrétaire national du PS et ancien président de SOS. La manœuvre échoue. Le président de la République va donc essayer d’attirer dans son camp Julien Dray, qu’il connaît bien. D’autant que l’élu de l’Essonne est l’un des plus fins connaisseurs de la droite française : il a longtemps fréquenté Claude Chirac, comme Nicolas Sarkozy d’ailleurs. Vingt ans plus tôt, les deux hommes, jeunes députés, s’étaient retrouvés à la buvette de l’Assemblée nationale, après s’être frotté l’un à l’autre durant des années, dans les mouvements de jeunes de leurs partis respectifs. Il se souvient des embarras du maire de Neuilly. « Il était très mal dans sa peau de député, en 1988. Ça crée des liens. À l’époque, on était des bleus qui se faisaient bizuter… »

Quelques semaines avant le déclenchement de l’enquête préliminaire, fin 2008, Sarkozy appelle Dray. Et lui propose un marché. « Je me souviens de notre échange au téléphone », narre le député, qui restitue le dialogue.

 

« Je te veux ministre…, lance Sarkozy.

— Pour quoi faire ?

— Ce que tu veux !

— L’Intérieur ?

— C’est pas un problème… »

 

Julien Dray place Beauvau ? La perspective émoustille le député, qui s’est toujours passionné pour les questions de sécurité. Mais l’ouverture, très peu pour lui. Pas question de pactiser avec la droite. « Évidemment, j’ai décliné. Sarko, c’est un joueur. Vous me voyez commencer comme trotskiste, fonder SOS Racisme et finir ministre de droite ? »

Qui n’est pas avec Sarkozy est contre Sarkozy. L’axiome est connu. Ce seul refus, vécu comme un affront par le chef de l’État, a-t-il pu engendrer la disgrâce de Julien Dray ? Il est certain que résister au président, se heurter à la hiérarchie policière, incarner les mouvements de jeunes, représenter peu ou prou le courant Royal, tout cela avait de quoi placer l’ancien leader étudiant dans l’œil du cyclone.

Pendant un an, Dray a bataillé. Gagné des procès contre la presse. Refait ses comptes. Pesté contre la terre entière. Craché sa bile dans un livre aux allures de règlement de comptes (L’Épreuve, Le Cherche-Midi, 2009). In fine, le procureur a estimé que renvoyer l’élu devant le tribunal correctionnel comportait plus de risques de relaxe que de condamnation. Certains, aussi, ont vu la main de Nicolas Sarkozy derrière ce « rappel à la loi » plutôt clément, au regard des charges. Dans cette hypothèse, Dray aurait finalement été épargné, puisque ne présentant plus de danger, sans être blanchi totalement, pour qu’il reste fragilisé. Dans toute affaire politico-financière, il est si aisé d’interpréter les faits, pour qui n’est pas au cœur du dispositif…

Reste une certitude : la carrière de Julien Dray a subi un sévère coup d’arrêt. Presque définitif. « Mais je ne voulais pas sortir de la politique comme ça, dit-il. Je n’avais que deux solutions : soit rester dans la rancœur, et, là, il me fallait arrêter la politique tellement j’en ai pris plein la gueule. Soit passer à autre chose. Être candidat pour les régionales m’a beaucoup aidé. » Julien Dray a été réélu, au mois de mars 2010. « J’ai bénéficié d’un important courant de sympathie », affirme-t-il. Il dit se passionner pour les affaires culturelles à la région Île-de-France. Il se méfie de tout, cela va de soi. Bien sûr, il en veut toujours un peu à Martine Aubry, à Benoît Hamon, à tous ceux qui ne se sont pas précipités à son chevet. Et beaucoup à Nicolas Sarkozy, évidemment.

Pourtant, le député assure être passé à autre chose. D’autant qu’il se dit persuadé que l’opinion publique s’est retournée. « Au départ, il y a eu une vraie suspicion, je l’ai vécue comme une détestation. Maintenant, je ressens une vraie tendresse », glisse-t-il d’une voix où perce la sincérité, et même l’émotion. De la tendresse, en politique ? On n’est pas obligé de croire Julien Dray. Mais cet accès d’angélisme non feint souligne, en creux, l’ampleur de son traumatisme.

Sarko M'a Tuer
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